Tensions renouvelées entre la Sierra Leone et la Guinée autour de Yenga

Yenga

Tensions renouvelées entre la Sierra Leone et la Guinée autour de Yenga

Le vieux différend frontalier entre la Sierra Leone et la Guinée a refait surface, semant la panique dans les villages proches de Yenga, une localité riche en ressources et disputée depuis plus de vingt ans. Tout a commencé le 28 avril, lorsque des soldats guinéens ont tiré trois coups de feu en l'air en tentant d'entrer dans le village de Sokoma, poussant les habitants à fuir vers Koindu.

“On a entendu trois détonations. Tout le monde a pris peur et s’est réfugié à Koindu”, raconte Daniel Makundu, un habitant. “Le lendemain, les militaires guinéens ont empêché quiconque de revenir à Yenga.”

Si la situation semble plus calme aujourd’hui, les autorités locales restent inquiètes.

Le conflit autour de Yenga remonte à la guerre civile des années 1990. À l’époque, la Sierra Leone avait sollicité l’aide militaire de la Guinée pour sécuriser sa frontière est. Mais une fois la guerre terminée, les troupes guinéennes ne se sont jamais complètement retirées, provoquant des tensions persistantes et de nombreuses tentatives de médiation sans succès.

“À chaque dialogue, ils promettent de partir”, déplore le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères, Timothy Kabba. “Mais dès que les diplomates quittent la table, ils reviennent. Cette fois, nous mettons la pression. Yenga appartient à la Sierra Leone et nous défendrons notre territoire.”

Freetown envisage de saisir la CEDEAO, l’Union africaine, ou encore la Cour internationale de justice si aucune solution n’est trouvée.

En attendant, ce sont les populations locales qui souffrent. “Je vivais de mes champs autour de Yenga”, confie Makundu. “Aujourd’hui, j’ai tout perdu. C’est très décourageant. J’appelle nos dirigeants à régler ce conflit une bonne fois pour toutes.”

Les autorités sierra-léonaises ont déployé des forces de sécurité autour de Sokoma et distribué de l’aide aux déplacés. Mais sans accord durable, le risque d’un nouvel affrontement demeure élevé.